miércoles, 16 de diciembre de 2009

LE VIN EN CRISE

Du vin en brique à l’appellation d’origine

Crise aidant, les vins à petits prix gagnent du terrain. Dommage pour Don Simon, le champion de la piquette, qui s’était lancé dans le moyen-haut-de-gamme.

Don Simon , « le vin espagnol le plus vendu au monde ». Le slogan est inscrit sur la brique en carton qui contient ledit nectar. En réalité un vin bas-de-gamme dont on se sert plus pour confectionner la sangría que pour déguster avec un bon fromage. Jusqu’à présent, ses propriétaires, la famille García Carrión, étaient connus et reconnus comme les champions du «tetrabrick» : jus de fruit, bouillons, gaspacho et piquette en tête. Mais aujourd’hui, la réputation de l’entreprise commence à changer. Depuis les années 90, elle investit dans les dénominations d’origine espagnoles : Viña Arnáis de Ribera del Duero, Marqués de Carrión de la Rioja, Solar de Vega pour le Rueda, Mayoral de Jumilla, Jaume Serra pour le cava et le Penedès… Des vins de gamme moyenne-haute avec lesquels elle compte s’ouvrir de nouveaux marchés.

Pas loin derrière Pernod Ricard Car José García Carrión, le président de Don Simon est avant tout un businessman. Son plus grand succès : pénétrer le marché nord-américain grâce à un accord en or signé avec la chaîne de distribution Wal-Mart il y a trois ans. Mais aussi talonner le groupe français Pernod-Ricard parmi les plus grands producteurs de vins au monde. Son chiffre d’affaire avoisine déjà les 600 millions d’euros mais le groupe voit plus grand. Objectif : un milliard en 2012. Pour cela, il compte sur les exportations. Aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi au Japon et en… Afrique où il est déjà très présent.

Oui mais voilà : la crise est passée par là. Et ceux qui échappent aux mauvais résultats ne sont pas les belles dénominations d’origine mais bien les packs de vin dont les ventes ont augmenté de 30% pendant les fêtes de fin d’année. Ironie du sort…


Espagne, premier producteur ?

Selon une étude du Credoc, l’Espagne deviendrait le premier producteur de vin devant la France en 2015.
D’abord, il y a la baisse continue de la consommation de vin en France. Ensuite, une légère diminution des exportations. Au total, deux facteurs qui pourraient bien faire passer la France derrière l’Espagne dans la liste des producteurs de vin. C’est en tout cas la conclusion d’une étude publiée par le Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie(CREDOC) sur demande de l’Association des Vignerons Indépendants. De 52,8 millions d’hectolitres en 2004, la France ne produirait plus que 43,9 millions en 2015. Tandis que sa part de marché mondial passerait de 19 à 15%.


« L'Espagne possède des vins qui n'existent nulle part ailleurs »

Chaque mois dans Le Courrier d’Espagne, Javier Gila, Wine advisor chez Lavinia, cinq fois élu meilleur sommelier d’Espagne, nous offrira son regard et son analyse sur les nouveautés vitivinicoles espagnoles et nous conseillera sur les bonnes bouteilles, les bodegas prometteuses et les dénominations d’origine à ne pas négliger. Rencontre.

LCE : En quoi consiste votre travail chez Lavinia ?

J.G. : Ma mission est de conseiller les clients VIP pour qu’ils créent leur bodega personnelle et achètent en « primeur », c’est-à-dire avant que le vin ne sorte sur le marché. J’aide aussi à confectionner la gamme de vins de Lavinia en voyageant dans toute l’Espagne avec la chef de produits pour visiter des bodegas, rencontrer les comités de régulation régionaux et connaître les zones vitivinicoles. Pour savoir quelles sont les nouveautés et avoir une vision complète du panorama vinicole actuel, j’assiste également à toutes les ferias du secteur.

LCE : Quels sont les principaux salons du vin en Espagne ?

J.G. : Alimentaria à Barcelone, le Salon du Gourmet à Madrid et Fenavin à Ciudad Real sont celles où se déplacent le plus grand nombre d’importateurs, principalement des acheteurs britanniques ou des Etats-Unis, mais aussi et de plus en plus d’autres qui viennent du «Nouveau monde».
De France, moins, du fait que c’est aussi un pays de production.

LCE : Quelles sont les principales différences qui selon vous séparent la production française de l’espagnole ?

J.G. : La France est avec l’Italie et l’Espagne, l’un des principaux pays vinicoles au monde.
Elle possède certains des plus grands vins au monde, un terroir d’une très grande diversité et une climatologie mieux préparée à l’élaboration de grands vins blancs. L’Espagne, quant à elle, possède des variétés qui n’existent pas en France comme le Tempranillo, l’Albariño ou le Verdejo, et aussi le Jerez… Ce sont des vins sur lesquels il n’existe pas de concurrence. En revanche, sur le Cabernet Sauvignon, les caractéristiques françaises sont plus favorables et nous empêchent de rivaliser. Je pense que nous sommes deux pays complémentaires. La grande différence est que la France sait indubitablement mieux vendre ses vins que l’Espagne. En communication et marketing, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir même si de grands pas ont déjà été faits ces vingt dernières années.

LCE : L’image du vin espagnol a beaucoup changé ces derniers temps ?

J.G. : Enormément. Il nous manquait des connaissances fondamentales et il nous fallait voyager pour apprendre du reste du monde et connaître à fond notre propre terroir. C’est essentiel pour savoir mieux élaborer le vin. Notre matière première était bonne, nous avons amélioré nos techniques vitivinicoles et changé notre image en soignant l’étiquette, en utilisant du bon liège, un bon bouchon… Et puis nous avons découvert d’autres régions viticoles en dehors de La Rioja ou Ribera del Duero. Notre réputation et notre qualité vont crescendo. Mais il faut encore accentuer la présence de nos vins hors de nos frontières et former plus de spécialistes. Il est inconcevable qu’il puisse y avoir 15 000 sommeliers professionnels en France ou en Italie et seulement 2000 en Espagne. Et ce alors qu’il est fondamental de conseiller les producteurs dans l’élaboration des vins et leur donner les tendances des consommateurs

LCE : Il y a aussi une importante différence de prix entre les deux pays. Comment l’expliquez-vous ?

J.G. : La surproduction. Nous avons des zones viticoles qui produisent beaucoup, d’autant plus que les Espagnols boivent entre 18 et 20 litres par an, ce qui est très peu. Cela entraîne une baisse des prix. C’est pourquoi il existe en Espagne des vins de dénomination d’origine, reconnus et de très bonne qualité à seulement 3 ou 4 euros. Ce ne sont pas des vins que l’on peut garder mais que l’on peut déguster avec beaucoup de plaisir, comme le Canforrales (4€) ou le Clos Cojen (7€) de La Mancha ou les Verdejos de Rueda qui sont des blancs à environ 4 euros. Pour ce prix, nous avons une qualité qui est impensable en France.

LCE : Et votre vin préféré ?

J.G. : En Espagne ce serait un Rioja. Pour moi c’est l’élégance même. Et sinon le Champagne.
A n’importe quelle heure, je ne m’en lasserais jamais. Et si je devais recommander une ouveauté : Tres Lagunas 2006, un vin d’Aragon, de Campo de Borja, mélange de variétés Garnache, Merlot et Syrah, que l’on déguste avec des fromages bien affinés, des ragoûts, du gibier ou de la viande rouge.

Propos recueillis par S. Morel
Le Courrier d'Espagne

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